L’avenir des fonds en euros dans l’assurance-vie : quel rôle pour les courtiers ?

Rôle du courtier pour piloter les contrats d'assurance vie

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Pilier historique de l’assurance-vie, le fonds en euros garantit le capital à chaque instant tout en mutualisant la gestion obligataire dans le contrat. Après avoir touché un plus-bas d’environ 1,3 % de rendement moyen en 2021, la remontée des taux souverains a permis de servir près de 2,6 % en 2024. Si la performance redevient décente à court terme, elle demeure inférieure à l’inflation ; compagnies d’assurances et épargnants doivent donc composer avec une volatilité accrue et un cadre réglementaire plus exigeant.

Dans ce contexte mouvant, l’indépendance du courtier prend tout son sens : c’est lui qui décortique la solidité de chaque fonds euro, arbitre entre supports sécurisés et unités de compte, et pilote le placement au fil des années pour préserver le capital tout en recherchant de meilleures perspectives d’investissement. Cet article dresse l’état des lieux, explore les tendances 2025 et, surtout, détaille les solutions concrètes que vous pouvez proposer à vos clients afin de transformer ces défis en atouts de performance durable.

Situation actuelle des fonds en euros (exercice 2024)

Rendement moyen & trajectoire sur dix ans

Après avoir touché un plancher historique de 1,3 % en 2021, le taux moyen servi par les fonds en euros est remonté à ≈ 2,6 % en 2024, avec une fourchette qui s’étend de 2 % pour les contrats « banques de réseau » à plus de 3,5 % sur certaines gammes patrimoniales. Cette reprise reflète :

  • la revalorisation progressive du stock obligataire logé dans les portefeuilles ;
  • des politiques commerciales incitatives (bonus liés à la part d’unités de compte) ;
  • la concurrence du Livret A (3 % jusqu’au 31 janvier 2025), qui pousse les compagnies d’assurance à « booster » le rendement à court terme.

Collecte et encours : un retour en grâce mesuré

Malgré un solde encore légèrement négatif sur le compartiment euro (-5 Md €), la collecte nette globale de l’assurance-vie a rebondi à +29,4 Md € en 2024. La part des cotisations investies en unités de compte reste élevée (38 % sur l’année) mais recule de deux points par rapport à 2023, preuve que les épargnants redonnent du crédit au support garanti lorsque la performance progresse. L’encours total atteint désormais presque 2 000 Md €, confirmant le rôle clef de ce placement dans le patrimoine des ménages.

Inflation, marché obligataire et marge des assureurs

  • Inflation : l’indice des prix a ralenti à +2,0 % en moyenne annuelle 2024, ce qui redonne un léger rendement réel positif (~ +0,6 %) aux contrats en fonds euros.
  • Taux souverains : la référence OAT 10 ans a oscillé autour de 3,15 % fin juin 2024, proposant une nouvelle fenêtre pour réinvestir le capital avec une marge plus confortable qu’entre 2015 et 2021.
  • Réserves PPB : pour soutenir ces contrats, les assureurs ont puisé dans leurs provisions ; la PPB est passée de 4,5 % à 3,9 % des actifs en 2024, laissant encore un matelas mais limitant la faculté de lisser les rendements futurs.

Ce que cela signifie pour la gestion des contrats

En 2024, le fonds en euros redevient un pilier défensif crédible :

  • Capital garanti : toujours intact, un atout face aux à-coups du marché.
  • Rendements hétérogènes : l’écart de performance entre assureurs peut dépasser 150 points de base ; un audit régulier des contrats s’impose.
  • Arbitrages opportunistes : la fenêtre des taux élevés n’est pas éternelle ; une stratégie d’investissement par paliers (versements programmés, arbitrages vers supports obligataires à terme) permet de capter la hausse sans sacrifier la diversification.

À retenir : le millésime 2024 démontre qu’un fonds euro bien sélectionné peut offrir un rendement net proche de l’inflation tout en sécurisant le capital. Cependant, la baisse progressive des taux directeurs anticipée pour 2025-2026 et l’érosion des réserves imposent de rester vigilant… rôle naturel du courtier indépendant !

Tendances 2025 pour l’assurance-vie

Taux et cadre macro-économique : une fenêtre de rendement qui se referme doucement

  • Inflation : la Banque de France anticipe un indice IPCH moyen de 1,0 % en 2025, soit un point bas du cycle après 2,3 % en 2024.
  • Obligations souveraines : l’OAT 10 ans, moteur principal du fonds euro, est retombée autour de 3,20 % fin juin 2025 après un pic à 3,68 %, un signe de détente qui limitera la revalorisation future des portefeuilles obligataires.
  • Conséquence pour les fonds en euros :
    • Le taux servi 2024 (≈ 2,6 %) devrait se stabiliser ou reculer d’ici fin 2025 si la baisse des rendements primaires se confirme.
    • Les contrats dotés d’une réserve PPB élevée conserveront un léger coussin de performance ; à l’inverse, les « nouveaux » fonds boostés devront composer avec des marges plus étroites.

Réglementation : plus de capitaux, plus de transparence

Enjeu 2025Impact direct sur les contratsQue doit faire le courtier ?
Révision Solvabilité II – directive modificative publiée le 8 janvier 2025 ; transposition au plus tard 30 janvier 2027. Objectifs : encourager l’investissement long terme, introduire la proportionnalité et intégrer le risque climatiquePression modérée sur le capital mais reporting plus exigeant ; certains assureurs pourraient réduire la part des actifs risqués dans leur gestionVérifier la solidité du ratio SCR des partenaires ; anticiper une possible baisse des participations aux bénéfices sur les petits contrats
ESG / SFDR 2.0 & ESMA “Fund-Naming” : délai final 21 mai 2025 pour qu’un fonds utilisant « vert / durable / transition » prouve 80 % d’investissements alignés, sous peine de changer de nomRéétiquetage de certains supports, suspension ponctuelle des souscriptionsMettre à jour les supports commerciaux ; proposer des unités de compte Article 8/9 réellement alignées
Consultation européenne SFDR – retour attendu Q4 2025 sur un nouveau cadre de divulgation plus lisibleProbable refonte des documents pré-contractuelsPréparer des fiches produits simplifiées pour le grand public

Digitalisation & gestion pilotée : la montée en puissance des robo-advisors

  • Les plates-formes de gestion pilotée captaient déjà 38 % des versements en unités de compte en 2024 ; la tendance se prolonge avec l’essor des robo-advisors français Yomoni, Nalo ou Goodvest. Yomoni a franchi 1 milliard € d’encours en 2024 et vise une croissance à deux chiffres en 2025.
  • Avantages pour le fonds euro : les assureurs accordent toujours un « bonus de rendement » (jusqu’à +50 pb) lorsque l’allocation UC dépasse 30-40 % du capital, une opportunité à saisir pour conserver la garantie tout en dynamisant le placement.
  • Pour le courtier :
    • Intégrer une offre 100 % digitale (API, agrégation, signature électronique) pour fluidifier les souscriptions.
    • Sélectionner des robo-advisors combinant frais réduits (≤ 1 %) et supervision humaine pour rassurer les clients moins technophiles.
    • Mettre en place un reporting extra-financier clair (score ESG, intensité carbone) afin de rester conforme aux nouvelles règles SFDR.

À retenir

2025 annonce un retour à la « normalisation » : inflation maîtrisée, taux d’État plus bas et régulations plus strictes. Le courtier indépendant qui saura articuler sécurité (fonds en euros), diversification (unités de compte ESG) et expérience digitale se placera comme interlocuteur incontournable pour optimiser chaque assurance-vie.

Les différents types de fonds en euros et leurs rendements 2024 – 2025

TypologieComposition & mécaniqueFourchette de taux servis 2024¹Atouts / limites pour le placement
Fonds en euros “classiques” (actif général)70-80 % obligations d’État & corporate, 10 % actions, 5 % immobilier2,4 – 2,8 % nets de frais (moyenne marché 2,6 %)Garantie intégrale du capital & liquidité permanente. Mais marge de manœuvre faible si les taux redescendent.
Fonds en euros « nouvelle génération » (diversifiés ou bonifiés)Allocation plus flexible : private equity, dette privée, immobilier, + bonus conditionnel UC3,0 – 3,5 % — 3,13 % pour Euro Nouvelle Génération (Spirica)Rendement supérieur si l’épargnant accepte ≥ 30 % en unités de compte ; volatilité un peu plus élevée.
Fonds euros immobiliers30-50 % de murs commerciaux ou résidentiels loués2,1 – 3,3 % — 2,10 % pour Sécurité Pierre Euro (Primonial)Revenus locatifs réguliers mais liquidité interne moindre ; taux plus sensibles aux cycles immo.
Fonds euros dynamiques “premium” (cantonnés ou mutualisés haut-de-gamme)Gestion opportuniste, poche actions jusqu’à 20 %, réserves PPB confortables3,6 – 4,7 % — 4,65 % pour Corum LifeExige souvent un ticket d’entrée ou des frais de gestion plus élevés ; disponibilité limitée dans certains contrats.
Eurocroissance / CroissanceGarantie du capital à un terme (8 ans min.) ; part actions >= 30 %≈ 2,6 % en 2024 chez AGIPI ; TRI cible 4-5 % à long termeMeilleur potentiel de rendement réel, mais la garantie n’est acquise qu’à l’échéance.
Fonds euros “retraite” (PER obligatoires)Portefeuille obligataire fermé, duration longue3,6 – 4,45 % brut 2024Très sécurisant pour préparer la retraite ; indisponible dans la plupart des contrats grand public.

¹ Taux nets de frais de gestion et hors prélèvements sociaux, sauf mention contraire.

Comment choisir ? 4 questions clés pour le courtier

  1. Objectif du client & horizon d’investissement
    • Court terme (3–5 ans) : privilégier un fonds classique solide + bonus UC limité.
    • Horizon retraite : envisager eurocroissance ou PER fonds euros longue durée.
  2. Réserves PPB & historique de performance
    Un fonds affichant > 4 % de PPB dispose d’un “stock” pour soutenir le rendement futur en cas de baisse des taux ; renseignez-vous avant toute souscription.
  3. Frais et conditions d’accès
    Fonds premium ou dynamisés : surveiller les frais sur versements, souvent ≥ 2 %. Négociez pour vos clients ou orientez-les vers des contrats en ligne moins coûteux.
  4. Diversification interne du fonds
    Un fonds euro diversifié intégrant private equity ou immobilier peut améliorer la performance sans perdre la garantie, mais il augmente la complexité de la gestion ; gardez un reporting clair pour vos clients.

Bonnes pratiques courtiers

  • Segmenter vos recommandations : affectez le capital sécurisé sur le meilleur fonds euro accessible dans le contrat, puis modulez l’exposition aux unités de compte pour libérer d’éventuels bonus.
  • Mettre à jour les documents commerciaux : certains fonds changent de nom avec SFDR 2.0 ; assurez-vous que les brochures reflètent bien la classification ESG.
  • Comparer chaque année la performance nette de frais et la part de PPB consommée ; proposer un arbitrage quand l’écart dépasse 120 pb par rapport au marché.

À retenir
Le marché 2024-2025 offre une palette de fonds en euros plus large que jamais : du classique à 2,6 % au premium à près de 5 %. L’enjeu, pour le courtier, est de marier sécurité, rendement et conditions contractuelles adaptées au profil de chaque client, tout en gardant un œil attentif sur l’évolution des taux et des réserves.

Garder ou changer d’assurance-vie ? 4 critères clés pour vos clients

CritèrePourquoi c’est décisifPoints de vigilance pour le courtier
1. Les frais appliqués dans le contratLes frais sur versements grignotent jusqu’à 5 % du capital placé ; la moyenne du marché en 2024 tourne autour de 3 %, mais les meilleures offres en ligne affichent 0 %. Côté gestion, les frais annuels sur le fonds euro oscillent entre 0,50 % et 1 %.• Négocier ou privilégier les contrats à frais réduits.• Simuler l’impact cumulé des frais sur 10 ans : un écart de 1 pt de frais de gestion peut rogner plus de 10 % du rendement cumulé.
2. L’ancienneté fiscale : cap des 8 ansAprès 8 ans, les gains retirés bénéficient chaque année d’un abattement de 4 600 € (9 200 € pour un couple) avant impôt. Vendre trop tôt peut donc coûter cher.• Caler tout rachat partiel sur l’abattement disponible.• Envisager un transfert « fourre-tout » (rachat + réinvestissement) dans un nouveau contrat seulement si le bonus de rendement, la baisse de frais ou la qualité du fonds euro compensent la perte de l’antériorité.
3. La performance comparée du fonds en eurosL’écart entre deux contrats peut dépasser 150 pb : certains ont servi 2,4 % en 2024, d’autres 3,5 % ou plus.• Benchmarker le taux servi face à la moyenne marché chaque début d’année.• Examiner la PPB : un fonds doté d’au moins 4 % de réserves offre une meilleure visibilité sur la performance future.
4. Les options et supports disponiblesUn vieux contrat peut limiter l’accès aux unités de compte (ETF, SCPI, private equity) ou aux fonds euros nouvelle génération bonifiés.• Vérifier la gamme d’UC et la possibilité d’une gestion pilotée.• Étudier les options gratuites : arbitrages en ligne, sécurisation des plus-values, stop-loss, investissement programmé.

Feuille de route « Garder ou changer »

  1. Diagnostiquer : faites un bilan complet des frais, du rendement des trois dernières années, du niveau de PPB et des options incluses.
  2. Comparer : mettez en regard un ou deux contrats récents aux frais bas et au fonds euro plus dynamique.
  3. Décider :
    • Garder si l’ancien contrat affiche des frais décents (< 1 % / an), un fonds bien doté et déjà l’antériorité fiscale.
    • Migrer si le mix frais + performance est défavorable et que les nouveaux supports répondent mieux aux objectifs d’investissement.
  4. Optimiser : si le client conserve l’ancien support, proposez-lui d’y placer le capital sécurisé (fonds en euros) tout en logeant la part dynamique sur un nouveau placement multisupport à frais réduits.

À retenir

  • Un bon contrat d’assurance-vie se juge chaque année ; ne laissez pas s’éroder la performance relative.
  • Le rôle du courtier est de chiffrer le gain net après frais, impôt et bonus éventuels, puis d’expliquer clairement au client la logique de garder… ou de changer.

Rôle du courtier : quelles solutions et alternatives pour vos clients ?

Diagnostiquer avant d’agir

Un bon conseil commence toujours par :

  1. Profil de risque & horizon de placement : courte durée ? Capital garanti et visibilité (fonds en euros). Horizon retraite ? Compléter avec PER et euro-croissance.
  2. Analyse fine du contrat existant : frais, niveau de PPB, rendement sur trois ans, options gratuites.
  3. Objectifs patrimoniaux : transmission, rente, financement d’un projet à cinq ans : chaque objectif appelle une combinaison spécifique de supports.

Sécuriser le capital : optimiser le support euro

  • Rechercher les contrats affichant un ratio PPB ≥ 4 % : ils pourront soutenir le taux servi lors de la prochaine baisse obligataire.
  • Activer les bonus de rendement (jusqu’à +100 pb) accordés si ≥ 30 % du capital est investi en unités de compte.

Conseil pratique
Pour chaque client, modulez la poche sécurisée (fonds en euros) et la poche diversifiée en fonction du ratio “années / taux cibles”. Une approche par paliers (décaissement programmé du capital) réduit le risque de marché et valorise le gain fiscal.

Mettre en place un suivi annuel structuré

  • Revue des performances (fonds euros vs moyenne marché, UC vs indices).
  • Mise à jour du profil investisseur à chaque événement de vie.
  • Arbitrages tactiques : verrouillage des plus-values, sécurisation partielle en cas de stress de marché, réallocation vers supports à échéance si les taux se retournent.
  • Communication proactive : newsletter trimestrielle, rendez-vous vidéo, espace client mobile.

À retenir
Le courtier indépendant est le chef d’orchestre qui :

  • Garantit la performance du support sécurisé (fonds en euros) en scrutant PPB, frais et bonus.
  • Diversifie le capital via des UC lisibles (ETF, SCPI, PER) pour capturer le meilleur couple risque/rendement.
  • S’appuie sur la technologie pour offrir un pilotage agile, conforme et transparent toute l’année.

En maîtrisant ces leviers, vous transformez les défis 2025 (baisse des taux, durcissement réglementaire) en opportunités de placement intelligentes et pérennes pour vos clients.

Les fonds en euros restent un pilier de l’assurance-vie, mais leur rendement dépendra étroitement de trois facteurs : l’évolution des taux obligataires, le niveau de PPB conservé par chaque compagnie et la capacité du courtier à optimiser les frais de gestion au sein de chaque contrat. À l’horizon 2025, la normalisation de l’inflation et les nouvelles règles européennes exigeront plus que jamais :

  • Une veille constante des performances réelles des fonds euro, comparées au marché.
  • Une diversification raisonnée vers des supports complémentaires (ETF obligataires, SCPI, PER, euro-croissance) pour dynamiser le capital sans sacrifier la sécurité.
  • Une expérience digitale fluide couplée à un suivi annuel structuré, afin de transformer les obligations réglementaires en avantage concurrentiel.

En pratique : un audit régulier, un couple fonds euro / unités de compte équilibré et des frais maîtrisés restent les clés pour offrir à vos clients un placement performant et adapté à chaque étape de la vie.

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